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Mots

Recueillis

 

Gérard Galès

 

 

JOUEUR DE MOTS

VOLEUR D’IMAGES

DRESSEUR DE SONS

 

 

 

 

 

Index

 

Poésimages :

PANGAEA

AGES D'IMAGES

HONTE A POCA ELLIPTIQUE

 

Tessons de Vers :

NAECO

LUMIERES D'OMBRES

CAHAUTO

 

Rumeurs dans l’Âme :

AM…

OM…

EM…

IMAGINE QUE…

MIEN EN MAIN

MOT CONTRE-MOT

JE TE LIBRE

 

 

 

CURRICULUM VITAE

 

Un homme et une caméra.
Images très rapides de reportages, pubs et fictions.
Le désert.


Il filme on ne sait quoi.
Un enfant lui demande:
 -Dis, tu me donnes une image ?
 Il lui sourit, sort une feuille de papier
 et une magnifique plume bleue.


-Que vois-tu autour de toi ?
Après un silence scrutateur :
-Je ne vois rien, sauf cette petite fleur jaune !
-Nous allons donc écrire l’histoire
de «La petite fleur jaune».

 

Et l'homme promène sa plume sur la feuille blanche.
-Mais il n'y a rien sur ton papier ! dit l'enfant.
-Alors regarde encore cette fleur !


L’enfant regarda, regarda,
jusqu’à ce que ses paupières se ferment de fatigue.
 Alors l’image de la fleur vint, très belle et très brillante.

Et son histoire se racontait toute seule dans sa tête…


Lorsqu’il rouvrit les yeux,
l’homme et la fleur avaient disparu.
Et il ne restait sur le sol qu’une plume bleue usée

et une feuille de papier froissé...

 

 

PANGAEA                                                                                                 POESIMAGES

Aube d’une nuit annoncée,
crépuscule des hommes...
Sur de vertes landes amères
s’écroulent les lumières faciles
de noires pensées sans scrupules.

 

Obscures impressions d’une Terre claire,
empreinte de cendres naissantes,
sombrant en vagues de vastes flammes,
invisibles et arrogantes !

Mécano-men pétroprolifiques,
vos rêves blancs ont les yeux crevés !
Trônes trop polis pour de myopes envies...
Au fond de sombres égouts
s’enfuiront de justes dégoûts !

 

Rougissantes verges branlantes,
érectiles monuments de sillons béants,
vos membres incertains s’épaulent
et se repoussent, comme de fous aimants !

 

Sexopôles en rut, pentus, fendus, fondus...
Nul ne sera un, et nous tout !
Néant virtuel pour de fauves vies sans bien,
germe noir affamé d’absolu,
début de grande faim...

 

Alors, nos vies comme nos morts,
pommes bleues lourdes de seins,
se mangeront sans bruit corps à corps,
et s’en reviendront enfuies, enfin...

 

 

A Lui et Elle, Lui en Elle, l’Innommable...

 

 

AGES D’IMAGES                                                                                     POESIMAGES

 

                                                                 

Tant d’âmes effacées,
et tant d’âges revisités,
de voyeurs et de vus,
s’entassant sur de pâles clichés !

 

Villes sans visage pour de vils mages
aux mille faces, de fard illuminées !
Magie des mots, magie démente!
Rituel habituel du fiel virtuel...

 

Images desséchées,
images en sachets !
Images de faux sages,
images de grands dommages !

 

Passages de trames sans gène,
passades furtives qui me gênent,
arêtes de temps à temps,
continu élément qui se ment...

 

Arrêt ! Surdose d’images !

 

Vingt-cinq fois secondaire,
pour me brûler les yeux
de sa tierce folie primaire,
ce trou vertical me met à mal !

 

Un jour, je tomberai à l’horizontal,
vers de sombres nus âges...
Entrée hantée d’opéra bouffes,
avides de vies, de vide et d’oubli...

 

A Pierre Etaix, l’imagicien.

 

 

 

HONTE A POCA ELLIPTIQUE                                                                  POESIMAGES

 

 

Terres brûlantes sans flamme,
indiens sans lien,
honte et rage...
Des vers de Terre lubrique
hors de l’âme vibrante s’empiffrent !

 

S’enlisent les feuillages,
dans la corne d’abondance
du grand maître des villes.
Et les chariots de feu tombèrent du temps,
donner leur sale air aux mouches...

 

Jetez sur le ciel l’opprobre suante
de vos marchandises injustifiées !
De votre sein de glace
s’écoule pourtant la veine sanglante
de vos passés immondes !

 

Images dégoulinantes, boites filantes,
carapaces ruisselantes de verbes impuissants,
je vous maudis jusqu’à la fin d’antan,
pour l’ombre sans bruit des mots tués,
pour tout ce qui n’a pas été,
pour l’homme...

 

 

A mes enfants, pour leur devenir. A Tarkovski, pour son «Sacrifice».

 

 

NAECO                                                                                                TESSONS DE VERS

                                                                                          

Dans l’écume luisante de baleines trop blanches,
sur des vallées bleues, prairies dégoulinantes,
se tracent au jour le jour en frémissant
de cruelles et innocentes fentes sans temps.

 

Surfaces à rides de bonne heure,
lorsque meurent de grands silences ahuris,
somptueusement caressée de noires intempéries,
ta croupe accouche de flancs géants,
flamboyants démons éphémères, insolents et dévoreurs !

 

Ventre sublime de toute vie,
obscur foisonnement de nos racines liquides,
ton antre est violée de grasses traînées,
faussement pudiques et dissolues,

amers envers de grand bleu...

 

De bouillantes alchimies,
débordant sans visage du chaudron mirage,
s’éternisent en nouveaux rejetons,
graines d’un monde précocement éjaculateur
de tous les atomes de ses sweets hommes !

 

Dans l’écume nuisante de si noirs serpents,
un jour où l’autre ne s’en soucie guère,
se lèvera, nue de mystère, la bouche sans dents,
onde béante de l’ogresse malmenée,
matrice à rebours de nos contes faussés...

 

A toutes les gouttes.  A Bernard Moitessier.

 

 

 

 LUMIERES D’OMBRES                                                                   TESSONS DE VERS

  

 

Quand des trombes solaires, issues de nuits,
s’abattent en blancs bancs
sur de pâles mosaïques abruptes,
d’impudiques contrastes terres à terres

s’enivrent, surpris, sur l’heure panique.

 

Se répandent alors sur un sol démis
de sombres assises mouvantes,
fausses visibles de vraies formes,
traces glissantes intouchables,
délectables et gueuses !

 

Si je passe sans temps perdu
au travers de lumières décentes,
j’effacerai les lueurs de sens,
traînées de vide brûlant

qui éclaboussent mes pas.

 

Puis je tirerai ce fil mû, et,
mué aux confins du supportable
en dé-ombré écorché esseulé,
j’en viderai l’essence jusqu’à plus soi,
jusqu’à fin d’heures.

 

Et tandis que de vagues rouleaux cieleux

s’étioleront en de gris semblants cotonneux,
se posera ce début de nuit fine, là,

comme çà, juste au bout du jour,

juste pour...

 

A mon âme et à mon ombre. A celle des autres.

 

 

CAHAUTO                                                                                        TESSONS DE VERS                                                                                         

 

Armures carcasses aux toits sans fonds,

vos voluptueuses senteurs immondes

s'écoulent en chiens de paille

dans les caniveaux bituminés

de ce trop préoccupé monde épuisé.

 

Déambulantes souillures,

roulures sans honte ni pudeur,

vous n'avez que l'essence à la bouche

mais vos compteurs sont bloqués,

vos heures sont comptées !

 

Lorsque du sein stérile d'une Terre trop vieille

le lait noir ne coulera plus,

les auto-suppliciés de ces fétides délices

reviendront en marches atrophiées

au monde premier de nos dernières friches.

 

Dérouté, déjanté, dératé jusqu'à nausée,

je vomis les rauques aboiements

de ces lubriques carrosses

qui brûlent leur sang jusqu'à plus soif

et s'épandent en terreurs insolentes.

 

 Que l'aire de vivre de nos enfants en devenir

soit enfin celle de l'homme primaire,

oublieux de ces monstres pestifères,

avide d'une nouvelle ère,

flamboyante et austère.

 

                                                                                                                           A la Terre...
 

 

AM...                                                                                             RUMEURS DANS L’AME

 

Je me noie dans cette foule de glace,

Je m'accroche aux racines des ombres,

Je glisse sur toutes ces traces,

Je m'enfonce et je sombre,

Je ne suis rien.

 

Je ne me suis pas à pas…

Que l'être a mal quand il n'a pas,

Mal appris, mal su, mal gardé !

Mon âme ne m'a pas regardée

Quand je l'ai laissée sur le bord du chemin.

 

Alors les faces des autres

Me renvoient leurs clichés amers.

Vous tous, bons apôtres,

Si je me jette à la mer,

Cracherez-vous dans mon bain ?

 

Epargnez moi vos sermons verbeux,

Privilèges de vies classées sur vies cassées,

Et vos discours visqueux,

Pleins de raisons et de baveuses pensées

Qui encombrent mon gluant ravin.

 

Malgré vous, malgré tout, malgré rien,

Je sais qu'un jour je sortirai des flots debout,

Boueux mais lavé de désespoir,

Minusculement grand d'envie de te revoir,

 

Et de me remettre à dessus dessous

De Toi et tout.

A ce que…

 

 

OM…                                                                                            RUMEURS DANS L’AME

 

Pourquoi dire ce qu'on peut tuer ?

Tu rentres en désuétude d'aimer

Tu es le ventre, il est la main

Il reviendra demain.

 

Danse sur mes lèvres

Ne m'oublie pas si tu te lèves

Tu cries à trop vouloir

Le silence est ton bon soir.

 

Un, deux, trois, lune

Crache tes morceaux de rancune

L'aube est habillée de lumières

Fonce sur ces ombres qui te désespèrent.

 

Lorsque se répandent les sourdes senteurs

Ton absence m'est trop présence

Le souffle du cœur est souffrance

Quand il s'avance sans heure.

 

Couverte à deux mains

L'ivresse est lourde à tes seins.

S'étreignent les muselières

Et s'empilent les langues amères.

 

Silence du soir

Clameur du miroir

Ne bougent que les flaques

De nos sempiternelles agapes.

 

Vole-moi ce que tu m'as appris.

 

A celle qui…

 

 

EM…                                                                                           RUMEURS DANS L’AME

 

Lorsqu'on n'a que le vain à la bouche,

Avec le noyé sous la peau,

Lorsqu'on meurt quand on se couche,

Avec le poids sur les maux.

 

Quand vouloir s'effile avec partir,

La clé du songe est brisée,

Quand savoir est le seul désir,

La honte du plaisir se met.

 

Pourquoi voler sans elle,

S'il n'y a plus d'aplomb ?

Pourquoi rêver de plus belle,

Si le paraître est une tombe ?

 

Où se trouve son combat,

Sa force et son âme ?

Où se découvrent ses pas,

Sa voix et ses ébats ?

 

Elle est là sans partir,

Pour que luise les ombres,

Elle est sortie pour mieux fuir,

Pour que s'enivrent les palabres.

 

Moi je n'ai que le mot à la bouche,

Et la vie à rebours,

Moi je n'ai rien qui la touche,

Elle a tué mon amour…

 

A celle que…

 

IMAGINE QUE...                                                                         RUMEURS DANS L’AME

 

Imagine que...

De ses doigts pas sages,

l'ombre de ma main

se mette à danser devant ton visage

et glisse doucement sur tes seins.

 

Imagine que...

Sans toucher un seul grain de ta peau,

sur tes courbes dévoilées,

je trace au plus profond de ton dos

le sillon de multiples baisers secrets.

 

Imagine que..

Je chemine en caresses invisibles

le long de tes fantasmes muets,

tandis que sur mon sexe imprévisible

tu t'épuises à mon flagrant boulet.

 

Imagine que..

Le plus vil de mes dessein,

même du plus loin que je sois,

soit d'oublier de ton corps tous les dessins

pour pouvoir les réécrire un jour avec toi.

 

A ton ombre…

 

 

MIEN EN MAIN                                                                          RUMEURS DANS L’AME

 

Tête vide, tête pleine,

comme un sablier que l'on retourne trop souvent…

 

Cœur plein, cœur gros

 pour un être qui se détourne depuis trop longtemps…

Personne n'échappe à son destin.

 

Il est là, tapi dans l'ombre de l'escalier

 ou sous le paillasson dans le hall.

 

Il attend son moment, LE moment.

ET il frappe quand on a le dos tourné.

Bien sûr…

 

Pourquoi les choses changent-elles un jour ?

Parce que… ?

Pour que l'envie reste toujours en vie ?

Pour que le plaisir nous donne enfin le change ?

 

Non, rien de tout cela n'est vrai !

Il n'y a pas de fatalité, rien que des faits.

 

Quelqu'un qui s'en va et qui croit revenir.

Quelqu'un qui croit l'attendre

 et puis qui repart.

Lequel est absent pour de bon ?

 

Cherchez l'assassin, monsieur l'agent !

Vous aurez le mobile immobile

 d'un crime qui n'existe pas !

Mettez en prison une histoire

 qui se délite au flot des mots

et qui navigue

 entre des incompréhensions et des espoirs…

 

Il y a longtemps,

 des gens qui revenaient du désert d'Irame

ont rencontré là-bas un homme errant

qui divaguait sous le soleil,

 en disant qu'il avait réussi à en attraper un…

 

Oh, un tout petit, un pas féroce pour deux sous,

 qui tenait dans la main, sa main…

 

Et l'homme le caressait de l'autre main.

Il disait que c’était pour qu'il s'habitue.

 

Ces gens-là avaient alors demandé :

  A quoi cela te sert-il de le garder avec toi ?

 Il n'est bon à rien…

 Et tu vas mourir si tu continues à errer dans le désert…

 

L'homme répondit alors :

 Seuls les vaniteux croient

 que le creux de leur main leur appartient.

 

Moi je sais bien qu'il va m'oublier si je le relâche...

Il faut que je marche.

 Encore, encore un peu,

 juste pour avoir du temps…

 

Le temps de lui dire à quel point je l'aime…

Alors seulement,

 lorsqu'il me croira,

 je pourrai le laisser s’enfuir...

 

                                                                                                                                A Toi…

 

 

MOT CONTRE-MOT                                                                     RUMEURS DANS L’AME

 

T'attirer, te garder, te retenir, te laisser fuir…

En fin de compte, que reste-t-il ?

Si ce n'est quelques images…

 

Ne plus penser à ce qui a été et qui n'est plus.

Abandonner toute idée de recommencement.

Banaliser tout ce qui a été exceptionnel.

 

Oublier ces instants magiques.

Taire des mots d'amour si grands.

Et les enterrer dans un grand trou béant au fond du cœur.

 

T'accaparer, te ligoter, te délier, te repousser…

En fin de compte, que reste-t-il ?

Si ce n'est quelques images pensées…

 

Celles de longues et douces nuits.

Harnachées de désir.

Incendiées de plaisir.

Assouvies…

 

Navigations sans issue entre tes reins.

Terrifiants abandons entre mes mains.

Etreintes sans concession…

 

Comme une libération…

Obsession, Mission…

Migration, Elévation…

 

Lancinantes incertitudes.

Abominables certitudes…

 

A Elle…

 

 

JE TE LIBRE                                                                            RUMEURS DANS L’AME

 

Grimpe au plus haut que tu pourras.

Agrippe tes désirs les plus fous.

 

Laisse derrière toi tout ce qui t'encombre.

Envole-toi en un seul battement d'aile,

 Sans un regard vers le bas.

 

Marche désormais sans détours.

Avance sans hésitation.

 

Ignore les cris de douleur.

Attise la flamme que tu étouffais...

 

Je te libre…

 

Je voudrais juste désormais

 M'endormir en rêvant de toi.

 

Et me glisser pendant mon sommeil

 Dans tes souvenirs les plus secrets.

 

Pour survivre à cette distance qui m'anéantit.

Je dormirai seulement

Avec ces mots dont je sais pourtant la tuerie…

 

Majuscules confidentes,

Minuscules confondantes,

 

Qui, en une phrase,

 Découvrent le fond de mon âme

Et m’écrasent de peur au fond de mon lit.

 

 

A Plus…

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